La Tête en Bas

La banane, le nouveau caviar australien?

Petite soirée typique entre amis chez les very beautiful people locaux... Ici, avant de sortir boire quelques coupettes de Dom Pérignon rosé dans le dernier lounge à la mode, les "rich and famous" rangent leur maillot de bain Seafolly, enfilent leurs chaussures Jimmy Choo, zippent leurs costumes Zegna et leurs robes Collette Dinnigan (figure de proue de la mode australienne), puis s'aspergent de quelques gouttes de parfum Chanel. Ils se donnent RV en s'envoyant des SMS via leurs téléphones portables Vertu, en or blanc, clavier en rubis et étui en bois d'ébène. De retour de soirée, après avoir semé les paparazzi dans une course poursuite endiablée, ils se relaxent dans leurs fauteuils Marc Newson et savourent un dernier petit verre de vodka frappée, accompagné de quelques cuillérées de caviar sevruga. C'est plein d'iode et de minéraux, vous comprenez, c'est très bon pour la santé... Et le "grand finale", le luxe ultime, avant de sombrer dans les bras de Morphée et dans des draps en satin, c'est de déguster... une banane à la petite cuillère.

Bon, OK, c'est légèrement exagéré comme comparaison, un poil marseillais, mais pas tant que ça. En effet, nous avons été assez surpris en arrivant ici de constater que la banane était devenue un véritable produit de luxe, hors de prix par rapport à la France. Etonnant, surtout quand on voit la richesse des étals de fruits et légumes des marchés de Sydney... En fait, tout s'explique par le fait que l'Australie, particulièrement soucieuse de se protéger des virus et de préserver l'intégrité de son écosystème, refuse d'importer le moindre fruit et légume de l'étranger. Or, en mars dernier, le cyclone Harry a littéralement réduit en miettes les bananeraies du Queensland, la principale région productrice du pays. 90% de la production bananière du pays détruite, tout à replanter. D'où pénurie de bananes, loi du marché, et prix qui flambent (normal, pour des bananes). Résultat : aujourd'hui, la banane se vend jusqu'à 15-20$ le kilo, donc vous y pensez à deux fois avant de mettre des rondelles de bananes dans votre muësli du petit dej!! Savourez vos crêpes banane-Nutella, qu'on vous dit, vous ne connaissez pas votre bonheur...

Cafémania (Part 2)

Et voici la suite de notre petite note sur les cafés de Sydney.

Un autre truc dont les amateurs de café sont fondus, ce sont les dessins que réalisent les baristas dans la mousse des Latte. C'est un truc de dingue! Les baristas rivalisent de virtuosité et s'entraînent tous les jours pour être capables de dessiner dans votre mousse un coeur, un arbre, des personnages de BD... Il y a même des compétitions régionales et nationales du meilleur barista, le "Grand Barista Championship"!

Et pour ça, pas de secret : savoir faire un expresso irréprochable et dessiner un palmier dans la mousse d'un Latte ne s'apprend pas au lycée, et donc il y a de véritables cours et formations autour de l'Artist Latte et de l'expresso. Donc ici, au lieu de dire "non, j'peux pas venir, jeudi soir, j'ai piscine", on se retrouve à dire "non, j'peux pas venir, jeudi soir, j'ai cours d'expresso".  Surréaliste, mais super sympa. Comme quoi en France, même si on est super fiers de nos petits cafés du coin, on a du boulot avant d'être au niveau de Sydney...

Du coup, pour s'y retrouver dans la jungle des expressos, affogatos, lattes et ristretos de la ville, les amateurs de café et baristas passionnés disposent d'une véritable armada littéraire sur le sujet : guides spécialisés (comme le Sydney Coffee Guide), sites Internet distillant conseils avisés et formations chèrement payées (Toby's Estate, Coffee Alchemy, Coffee Institute, CafeBiz) et même des blogs monomaniaques (CaféDave, blog de Coffee Alchemy...).

Promis, on vous donnera l'adresse de nos cafés préférés pour quand vous viendrez nous faire un coucou à Sydney!

Cafémania (Part 1)

S'il y a bien une chose qui nous a surpris en arrivant à Sydney, c'est la véritable cafémania qui frappe la ville. C'est incroyable : à tous les coins de rue, vous trouverez des petits cafés qui rivalisent de style et qui ne désemplissent pas, fréquentés toute la journée par des afficionados du vrai expresso italien. Compte tenu de l'identité anglo-saxonne de la ville, on pourrait davantage s'attendre à trouver des Starbucks partout, avec des clients accros au Caramel-Macchiatto-Frappucino. Grossière erreur... Ici, le café se déguste comme du vin, et il n'est pas rare d'entendre un client s'extasier sur les "superbes arômes de noisette en premier nez, avec des notes de cacao fondant en bouche, et une fan-tas-ti-que finale caramélisée". Certains cafés gèrent même leur propre torréfaction!

En fait, cette passion pour l'expresso est tellement présente qu'ici, les RV d'affaires dans la City n'ont pas lieu autour d'un déjeuner mais autour d'un café, en milieu de matinée ou d'après-midi. Difficile d'imaginer à Paris 3 costumes-cravates attablés pour une négo serrée autour d'un ristretto ou d'un latte, avec un biscotti à l'amande à côté, pour "s'ouvrir le palais aux arômes du café". Et mieux encore : le café que vous choisissez pour votre entretien d'embauche ou votre RV d'affaires en dit aussi long sur vous qu'une analyse graphologique! Il y a quelques jours, nous discutions avec un français que nous avons rencontré, qui est banquier dans la City, et il nous racontait que son boss avait traité de "gros con prétentieux et nouveau riche" l'un des clients avec lesquels il avait RV, tout ça parce qu'il avait choisi tel café et non pas tel autre!