L'un de mes luxes quotidiens à Sydney, c'est de pouvoir aller bosser à pied tous les jours. Quand on a en tête le nombre de jours ensoleillés par an à Sydney, ça fait une grosse différence sur l'humeur générale! Ce trajet dure 20 minutes aller, 20 minutes retour, idéal pour se réveiller les sens et les neurones. Pas trop long, mais néanmoins j'ai l'impression de traverser la ville entière au cours de ce trajet plutôt folklo... Vous allez voir, une vraie échelle de Richter des classes sociales, sur moins de 2 kilomètres.
Pour commencer, tous les matins, je sors de notre petit appartement sur Onslow Avenue, dans le quartier très prisé d'Elizabeth Bay, en bordure de la baie de Sydney. Là, je bifurque à droite et me voilà dans Greenknowe Avenue. Je longe la "Manhattan Residence", une résidence archi chic, archi chère, avec des apparts à tomber parterre, des duplex avec terrasses, vue sur la baie, et piscine dans la résidence. Puis je débouche sur MacLeay Street, l'artère principale du quartier de Potts Point, point de ralliement des magasins design, et accessoirement capitale gay du Sydney branché. Je passe devant le petit bar-resto italien où les body-builders viennent prendre leur petit expresso du matin. Puis je passe devant le meilleur resto Thai du quartier, Opium Den, et devant "Papillotas", un centre de beauté très en vogue, spécialisé dans les épilations du torse et les épilations brésiliennes (pour ceux qui ne voient pas tout à fait ce dont il s'agit, je vais faire acte de pudeur et vous laisser faire quelques recherches sur Google). Quelques mètres plus loin, changement de décor: je passe devant une super librairie de quartier puis devant "Le Croissant d'Or", la boulangerie-pâtisserie française de Potts Point.
De là, on débouche dans Darlinghurst Road, l'artère principale du quartier de Kings Cross. Et là, la chute est brutale, surtout le matin, si jamais j'ai eu le malheur d'avoir un moment bucolique en passant devant "Le Croissant d'Or". C'est dingue comme en l'espace d'une rue, le paysage peut autant changer. C'est comme si Saint-Germain des Prés ou la rue de Turenne débouchaient d'un coup sur la Porte de la Chapelle, sous le périphérique. A toute heure du jour et de la nuit, Kings Cross est le quartier des sex-shops, des prostituées et des camés. Et quand je parle des camés, ici on fait pas dans la dentelle. Je vous parle de shootés au crack, complètement défaits, plein de tics, en manque dès 7h du mat... Forcément, après Potts Point et ses vitrines tout droit sorties du Marais, ça fout une claque tous les matins. Aucun danger pour autant, notez bien, toute cette faune est assez inoffensive. C'est juste une grand écart social plutôt violent.
Pourtant, dans la même rue, se trouve aussi l'un des meilleurs kiosques à journaux de la ville. Vous y trouverez tous les magazines étrangers, dont plein de magazines français, de Gala à Voici, en passant par Vogue, Numéro, Wad et Technikart. Accessoirement, c'est aussi le repaire de tous les modeux et modeuses de la ville, avec les magazines de mode les plus branchés du globe, tout droit importés de Paris, Londres, Milan et New-York. J'adore m'y arrêter 5 minutes pour feuilleter les derniers magazines.
Ensuite, au grand carrefour de Kings Cross, je tourne à droite dans William Street, LA rue des loueurs de voiture de Sydney. On y croise pas mal de touristes "backpackers", des jeunes qui se baladent à travers l'Australie avec leurs potes et qui viennent ici louer des vans un peu en ruine mais qui ne coûtent (forcément) pas trop cher. Forcément encore, ici on entend parler toutes les langues, et le matin mon paysage auditif passe allègrement de l'anglais au russe, en passant par le français et le suédois. Encore un peu plus loin, nouveau changement d'ambiance, je passe devant les vitrines alléchantes du concessionnaire Ferrari et Maserati de Sydney. Et si, si, même à 9h du mat en semaine il y a des gens pour acheter ces voitures (ou tout du moins pour faire semblant d'être intéressés et de pouvoir se le permettre).
Et je suis presque arrivée. Toujours sur William Street, je traverse Bourke Street et Crown Street, les 2 artères principales du quartier bobo de Surry Hills. Après avoir dépassé les loueurs de voitures Budget et Avis, je tourne à gauche dans Riley Street, où se trouve mon bureau, SPIN Communications. Là, je passe devant une agence concurrente, ARC Factory, très branchée mode, puis devant un resto vietnamien très sympa, "Lamien", et me voilà au 62 Riley Street. Badge, ascenseur, 2ème étage, et me voilà prête à bosser. Je papote un peu avec mes collègues: retour dans le temple de la mode et de la branchitude, la boucle de Potts Point est bouclée, j'ai fait mon petit tour du monde social en 20 minutes...
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